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La fin d’une ère pour la vie de bureau

Écrit par Yann-Yves Biffe.

Horoscope du futur : demain, votre vie professionnelle va changer ! Ou après-demain… Les salariés d’aujourd’hui pensent que nombre d’objets du quotidien – fax, téléphone fixe… voire bureau vont disparaître d’ici 5 ans. Science-fiction ? Le croisement d'un sondage avec les tendances sociologiques, organisationnelles et surtout technologiques, qui sous-tendent l’ensemble, laisse entrevoir des changements majeurs sur votre environnement de travail…

Le site de réseau professionnel LinkedIn a interrogé 7000 professionnels de 10 pays différents en leur demandant d’identifier les appareils et éléments dont ils sont certains qu’en 2017, ils auront complètement disparu de leur lieu de travail. Travail d’imagination ? Voyance de machine à café ? Finalement, plutôt de la prospective de bon sens…
 

Ça donne à appliquer le progrès technologique

Au jeu des pronostics, c’est l’enregistreur qui semble le plus aller à la mort (pour 79 % des répondants). Normal, puisque le smartphone se généralise à toute vitesse et qu’il rend les mêmes services, et beaucoup d’autres. Antoine Chotard, de l’AEC, parlait même à son sujet, lors des Carrefours numériques de Cap’Com à Montpellier, d’une « excroissance cérébrale »…

Le fax tient la corde comme la corde tient le pendu. 71% des répondants ne lui donnent pas 5 ans à vivre. De fait, n’est-il pas déjà un peu mort ? Qui l’utilise encore ? Il y a quelques années, c’était l’outil incontournable en particulier pour diffuser les communiqués de presse… mais combien en envoyez-vous aujourd’hui ? Le mail lui a fait la peau.

Le téléphone fixe doit disparaître pour 35 % des répondants. Déjà, la ligne téléphonique au bureau laisse de plus en plus la place à la voix sur IP. Et la technologie qui fait converger la ligne fixe et la ligne mobile existe depuis longtemps… certains n’utilisent d’ailleurs plus que ce dernier.

Mobilité toujours, l’ordinateur de bureau suit à 34%. Au vu des ventes de portables, et surtout des tablettes, on aurait pu s’attendre à un taux plus élevé, non ? En effet, selon GFK dans le 13 heures de la Com du 29 novembre, « les ventes de tablettes affichent une croissance de 110% en valeur sur un an, contrairement à celles des ordinateurs de bureau, en déclin de 17% pour la même période. Concernant le marché de la téléphonie, le chiffre d'affaires a progressé de 28,5%. Le téléviseur dévisse de 23% en un an. »

Plus surprenant, la clé USB, le support numérique incontournable actuellement, pourrait disparaître pour 17% des répondants. L’usage du cloud se développe à toute vitesse. Le cloud, ou le stockage des données sur des serveurs distants, via une liaison prochainement en fibre optique, ou par la 4G. En combinant les deux, plus besoin d’un support physique dans la poche !

Ainsi, «  les dépenses mondiales pour l'informatique dématérialisée devraient passer de 91 milliards de dollars en 2011 à 207 milliards en 2016 » selon le 13 heures de la Com du 12 juillet. Les géants du secteur se sont engagés pour proposer une offre dans le domaine.  Google a lancé cette année son stockage en ligne grand public Google Drive, selon le 13 heures de la Com du 26 avril : « un système d'informatique externalisée qui permet également de collaborer et communiquer des dossiers en ligne. Les internautes ont droit à 5Go de stockage gratuit, et peuvent s'acheter plus de capacité, à des prix variant selon les pays et les capacités » alors qu’IBM a annoncé l'ouverture à Montpellier de son premier centre en France destiné au «cloud» public (13 heures de la Com du 15 octobre). Les DSI internalisées peuvent s’interroger sur leur avenir par la même occasion…

Ceci explique sans doute, en poussant le raisonnement, que les armoires de bureau sont en sursis pour 19% des répondants. Etape 1 : dématérialisation, objectif zéro papier. On n’y est pas encore mais la cause, apparue dans un but de respect de l’environnement, déployée avec un objectif d’économies, progresse. Une fois le papier transformé en données binaires, on envoie tout ça dans le cloud, et hop, plus rien à ranger dans les placards…

De même pour la carte de visite à 15 %. L’envoi par mail, et surtout demain l’avancée du NFC (transmission sans contact, de téléphone portable à téléphone portable) permettra de recueillir directement dans votre base de… contacts, la carte de visite virtuelle de votre interlocuteur.

La machine à copie ferme la marche à 13 %. Elle sera certainement la victime de la dématérialisation en marche, en particulier dans nos administrations, grosse consommatrices de ramettes et toners. Les photocopieurs sont-ils autre chose qu’un scanner avec une imprimante ?

Ça donne à s’interroger sur l’organisation du travail

Les heures de travail standard sont en voie de disparition pour 57% des répondants. Pour les cadres, elles n’ont jamais vraiment existé, et pour la génération Y, les repères sont naturellement flous, injectant sans se poser trop de questions de la vie personnelle au bureau et du boulot à la maison. Cette évolution sociétale ou générationnelle est finalement liée elle aussi au progrès technique, puisque le smartphone rend ses porteurs joignables, mail compris, à toute heure et en tout lieu.

Outre les raisons technologiques, l’ordinateur de bureau pourrait disparaître aussi car poussé dehors par… le vôtre ! Le concept de « Bring your own device » fait son chemin. Il consiste à utiliser son propre matériel à visée perso au boulot. C’est la direction informatique, dont la sécurité est le cheval de bataille, qui va faire des grimaces…

Finalement, c’est le concept de bureau lui-même qui est en danger. Le look vestimentaire formel pour aller au bureau, comme costumes, cravates et bas nylon (surtout les trois ensemble !) devrait disparaître pour 27% des répondants.

De même le bureau isolé pour manager, pour 21%. Ou le bureau avec porte pour 16%... Si c’est pour faire plus d’open spaces, ça mérite un peu de réflexion. Mais ce pourra être la conséquence d’un développement du travail à distance, ou du boulot dans les espaces perso. Si le télétravail en lui-même progresse lentement, étant assez encadré, le grignotage (accès aux mails pro en temps réel) accélère empiriquement le mouvement.

On voit donc que ces perspectives, si elles sont de simples ressentis d’une situation future, sont finalement assises sur des projections technologies et organisationnelles cohérentes.
Le sachant, allez-vous vous inscrire dans ce mouvement ou le freiner ?